Mon Carnet Déco

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Vous témoignez: "Comment le burn out m'est tombé dessus".

     Hier, j'ai posté un article écrit par Véronique, qui avait déjà témoigné sur le burn out ici, et qui expliquait ce qu'est un burn out.

 

     Aujourd'hui, je vous livre le témoignage d'Audrey sur ce qu'elle vit. Je dois vous avouer que son témoignage m'a extrêmement troublé, car son vécu, son ressenti, ses jugements "d'avant" le burn out, je les ai tous vécu aussi. Cette incompréhension de ces mères qui se "débarrassait de leurs enfants, cette lente mais inévitable chute, cette culpabilité... Absolument tous ses mots me semblent sortis de ma bouche... (mon témoignage ici)

 

 

Témoignage burn out, épuisement maternel

Comment le burn out m'est tombé dessus...

 

     Je m’appelle Audrey, j’ai 29 ans et je suis l’heureuse maman de 2 enfants, un garçon de 3ans et 4 mois, et d’une fille de 10 mois. Ils sont en bonne santé, sont beaux comme des cœurs, nous n’avons pas de problème particulièrement compliqués à affronter.

 

     En principe, je ne devrais donc pas poster sur le sujet du « burn out maternel ». Et pourtant si. « Burn out maternel »... A vrai dire, j’en ai entendu parler il y a environ 2 ans, alors que je travaillais. J’avais lu un article à ce sujet, une maman au foyer qui en parlait.

      Je me souviens alors de ma réaction plus que tranchée… « Il ne faut quand même pas abuser sérieux ! Tu es chez toi, à ne rien faire de tes journées et tu te plains de tes gosses ! Ben, retournes au boulot dans ce cas ! Ou viens à ma place, on en reparlera… ».

 

     A cette période, mon garçon venait d’avoir ses 1 an, il allait 4 jours par semaine chez la nounou, de 7h45 à 19h. Je travaillais à plein temps, dans un milieu qui me plait. J’avais 2h de trajet par jour pour aller au travail, une pause déjeuné à bosser, je rentrais le soir vers 19h15, et ne profitais de mon fils que 45 min par jour. « Heureusement », j’avais mon lundi en jour de repos… Enfin, dans ce cas, la définition de repos rimait plus avec ménage, aspirateur, serpillère, courses, dépoussiérage, paperasse, machines à laver etc.…

 

     Je culpabilisais de bosser autant, de le voir si peu. Il a grandit à la vitesse grand V et j’ai eu l’impression de passer à côté de beaucoup de choses, de son évolution, de Lui, tout simplement...

     Je me souviens, lors de mes lundis de « repos », alors que je passais devant la future école de mon fils aux heures de sortie de classe, me faire la remarque que quand même, voir des mères arriver 5 à 10 min avant la sortie des cours, elles ne devaient pas grand-chose à faire de leurs journées.. Alors que moi, j’étais en speed tout le temps, dans cette spirale infernale.

     Les statuts de mes amies sur les réseaux sociaux, lors des reprises d’école après 15 jours de vacances scolaires, du genre « youhouuuu ils reprennent l’école ! Vacances pour moi !!! » M’exaspéraient. Comment peut-on écrire ça ?? Alors que moi je n’aspirais qu’à une seule chose : prendre du temps avec mon enfant.

 

     Et puis je suis tombée enceinte de ma fille. Mon fils avait à peine 2 ans, il était déjà entré dans cette période du « terrible two », un peu compliqué à gérer.

     Col ouvert à 2 à 5 mois de grossesse, repos obligatoire. Ma grossesse s’est passé bonnant-malant, et le chemin s’est fait dans ma tête… Et si je prenais un congé parental pour m’occuper d’eux ? Ainsi, je pourrais accompagner mon fils pour sa toute première rentrée scolaire, il n’irait pas à la garderie de 7h45 à 19h, pas de centre de loisirs le mercredi ni pendant les vacances scolaires... Je le trouvais petit  pour ça.

      En même temps, je profiterai de ma fille à 100%, de toutes ses évolutions. Et puis ce serait l’occasion de me mettre à la couture. C’est sympa la couture. Je ferai des doudous, j’essaierai de faire des sarouels. Et puis les bébés nageurs que je ne pouvais pas faire avant le samedi matin, vu que je travaillais, et bien là, j’irai ! Et je me mettrai à la zumba, ça à l’air sympa et ça fait longtemps que je veux en faire... Mais avant, avec le travail, je n’avais pas le temps

     Je ferai les gâteaux préférés de mon fils, je leur ferai faire des activités Montessori et on sortirait souvent se promener en pleine nature. Bref, on aurait pris notre temps...

 

     J’avais tout planifié. Ou presque. J’ai accouché en avril, d’une merveilleuse petite fille, en parfaite santé. Mais je n’avais pas planifié d’être ré hospitalisée 7 jours après mon accouchement, pendant 3 jours, pour une pré éclampsie du post partum. Ni cet allaitement douloureux et raté, ni cette mastite, ni cette tension difficile à faire baisser, ni la pyélonéphrite et tous les examens liés, ni un bilan hépatique déréglé et tous les examens en urgence, tout ça en 2 mois post partum.

     J’étais épuisée, éreintée physiquement. Ma fille ne dormait que 30 min le matin et 30 min l’après midi, le reste du temps elle était collée à moi, je ne pouvais rien faire d’autre, même si j’adorai ce contact.

 

     Septembre est arrivé… La rentrée scolaire de mon fils et la course à commencé. Je n’avais trouvé aucune activité physique pour mon fils qui avait ce besoin de se dépenser, je ne m’étais ni inscrite à la zumba, ni fait les inscriptions aux bébés nageurs, mon projet de couture était au point zéro et je courais tout le temps.

      Le matin, je courais pour habiller mon fils, qu’il veuille bien partir à l’école, gérer ses crises. Je le récupérais à midi, le re-déposais à 13h40, le récupérai à 16h ou 16h30.

 

     Et entre tout ça ? M’occuper de ma fille, du linge, de la maison, des repas… Mon fils n’étais pas propre pour les selles, je nettoyais des sous vêtements souillés 3 fois par jour, je n’en pouvais plus. Moi qui n’étais pas du tout ménage et le faisait une fois par semaine, j'ai commencé à le faire tous les jours.

Après tout, j’étais à la maison, je n’avais pas le droit d’avoir une maison sale.

 

      Mon mari, bien que très compréhensif, s’est complètement reposé sur moi pour tout ce qui concernait  la maison, la paperasse, l’éducation des enfants, tous les soucis de voiture, etc. Il partait de temps en temps en déplacement, me laissant seule tout gérer, sans aide de proximité pour prendre le relais ou souffler.

 

     Il me disait de prendre du temps pour moi, qu’il le fallait. Mais pour faire quoi ? Avec qui ? Comment ? Et qui s’occupera des enfants ?

     Et puis un matin, je me suis levée, plus fatiguée que jamais.

     Je n’avais pas envie de me lever. Les enfants pleuraient mais je n’avais pas envie d’aller les voir, pas envie de me lever, pas envie de me battre avec mon fils pour qu’il daigne s’habiller, mettre son manteau, mettre ses chaussures, qu’il me tienne la main pour aller à l’école.

      Le soir, éreintée, je ne trouvais pas le sommeil, trop de choses dans la tête, tout le temps.

Je pleurais en silence dans le lit.

 

     Il fallait que j’en parle à quelqu’un. Mais à qui ? J’ai appelé mon médecin qui m’a dirigé vers un psychiatre. J’étais en larmes. Lors du rendez-vous, à la question : « qu’est ce qui ne va pas ? ». Ma seule réponse a été: « je ne sais pas » A sa question « Pourquoi êtes-vous là ? » … « Pour m’en sortir ». A sa dernière question « Mais que souhaitez vous faire pour être bien? » : « Je ne sais pas. Je ne sais plus ».

 

     Perdue en route. Je m’étais perdue en route. Trop occupée à tout faire pour mes enfants toute la journée, tous les jours de la semaine, je m’étais perdue en route. Je me sentais si seule, désespérément  seule. Je passais mes journées sur le net, pour peut être discuter avec quelqu’un de connecté en même temps que moi.

J’étais cette mère qui arrivait 5 à 10 min plus tôt à la sortie des classes, juste pour apercevoir telle ou telle maman, pour échanger quelques mots en dehors de ceux échangés avec mon fils et des babillages de ma fille.

Je filtrais mes photos et dispensait les plus jolies sur facebook, pour qu’on s’intéresse un peu à moi. A mon anniversaire, j’en ai voulu à ceux qui l’avaient oublié. Pourquoi est ce qu’on m’oublie tout le temps moi ?

 

     On me disait « prends du temps pour toi, tu as l’air épuisée ». J’avais envie de dire « Mais dis moi comment en prendre du temps pour moi ! Je ne sais pas, je ne sais plus ! Je ne sais plus ce que ça veut dire « prendre soin de soi », je ne sais plus ce que veux dire « prendre un café avec une copine ».

On me disait quoi faire mais personne ne m’en donnait les moyens.

 

     Le mois dernier, j’ai commencé à vomir de façon régulière. J’étais à fleur de peau, angoissée, abîmée de l’intérieur, à vif.

     Les idées noires ont commencé à apparaitre, il fallait réagir. Mon mari à un peu forcé les choses et nous avons réussi à obtenir une place en crèche pour une journée par semaine pour ma fille.

 

      J’ai accepté que notre fils aille cette même journée à la cantine. Ainsi, je me libérerai tous les vendredis pour moi, je me les accorderai, pour me retrouver, me ressourcer.

 

     Je suis allée voir mon médecin qui m’a mis sous anxiolytiques, pour pouvoir enfin dormir et calmer mes angoisses.

C’est un grand pas en avant, même si je culpabilise, si je m’en veux, si je me dis que je suis nulle.

 

     Je pleure en écrivant ce billet car j’ai honte. Honte de moi, honte de me faire passer avant eux. J’ai un rendez vous  au CMP (Centre Médical de Proximité) la semaine prochaine, pour qu’ils me donnent les moyens de sortir de ce cercle infernal.

 

     Mon fils commence la cantine demain. Ma fille a commencé son adaptation ce matin. Le chemin sera très long pour que je puisse me retrouver… Ne me demandez pas ce que je ferai de mes vendredi « off », je n’en ai encore aucune idée….

 

 

 

 

 

 

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24/03/2015
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